CONTEXTE ET JUSTIFICATION
La question de la propriété et du contrôle des médias de communication est une question cruciale car elle détermine les contenus et les méthodes des médias. Au moment même où les journalistes promeuvent la démocratie dans l’exercice de la liberté d’expression et d’une presse libre, cette liberté et l’indépendance des journalistes sont, selon certaines critiques, affectées par les préoccupations financières ou politiques des propriétaires de médias ou des employeurs – de façons subtiles dans certains cas et plus flagrantes dans d’autres. Un tel contrôle, y compris ses modalités et sa structure, est façonné principalement par des réalités politiques (et géopolitiques) omniprésentes et par les possibilités de concentration. C’est pourquoi l’indépendance éditoriale et le pluralisme des médias à la fois au niveau local et mondial deviennent si importants. En raison de la complexité géographique croissante des médias, les flux médiatiques ne sont plus seulement orientés du Nord vers le Sud, mais aussi du Sud vers le Nord et du Sud vers le Sud. Des médias régionaux infl uents modifi ent de façon conséquente la confi guration du système médiatique international. Dans la majorité des pays du monde, les institutions médiatiques sont des entreprises privées commerciales. D’autres sont privées mais non commerciales, comme celles qui sont gérées par des organisations non gouvernementales, tandis que d’autres encore sont publiques et contrôlées. En radiodiffusion, le modèle de service public de radiodiffusion offre une alternative à la fois aux médias commerciaux et aux médias sous contrôle strict du gouvernement. La popularité croissante des médias communautaires qui impliquent des résidents locaux dans l’élaboration du contenu et donnent la parole aux secteurs marginalisés de la société peut être considérée comme un développement positif.
Les progrès technologiques dans une économie de marché mondiale ont favorisé la croissance des groupes de médias mondiaux, dénommés conglomérats médiatiques transnationaux. Leur pouvoir et leur infl uence dépassent les barrières géographiques, économiques et politiques. Les groupes internationaux de médias comprennent aussi ceux qui opèrent au niveau régional. La convergence, en dépit des réglementations antitrust qui peuvent exister, a également facilité les fusions et les acquisitions de médias au niveau national et mondial. De nombreux médias de masse s’allient à des entreprises exerçant des activités dans les télécommunications, les applications web et le divertissement (fi lms et jeux vidéo). Les nouvelles sociétés créées par ces coalitions sont devenues plus puissantes car leurs messages, images et voix peuvent maintenant être diffusés au niveau mondial et atteindre même les villages les plus reculés par le biais de diverses plates-formes – imprimées, télédiffusées et numériques. L’émergence de médias mondiaux présente à la fois des défi s et des opportunités. Certains théoriciens de la communication ont mis en garde contre les menaces de l’homogénéité culturelle, mais paradoxalement, les mêmes outils médiatiques offrent des opportunités pour la diversité culturelle et le pluralisme (il est maintenant plus facile de produire, partager et échanger des contenus médiatiques locaux). Les médias mondiaux ont également la capacité et les ressources pour établir des normes plus élevées de professionnalisme. De ce fait, de nombreux médias locaux doivent devenir plus compétitifs en améliorant la qualité de leur programmation. En outre, les questions de développement qui ont un impact mondial, comme le changement climatique, les pandémies ou les menaces à la biodiversité, peuvent être communiquées effi cacement par les médias mondiaux. Il est également reconnu que de nombreuses histoires cachées au public local et national en raison des contraintes politico-économiques, sont révélées à un public international par des médias indépendants internationaux. L’impact de l’industrie des médias sur le plan politique est également en train de changer. Les nouvelles technologies médiatiques favorisent les fl ux d’informations à double sens au sein et en-dehors des frontières nationales ainsi que l’apparition de plates-formes plus étendues pour le débat public. Tout cela encourage la tolérance et la compréhension. La question primordiale est alors : comment les médias peuvent-ils aider à promouvoir un plus large éventail d’options, de choix et de liberté ? Le système dominant des médias commerciaux mérite une attention particulière parce que la publicité reste sa source principale de revenus. Comment les organisations de médias peuvent-elles conserver leur indépendance et la confi ance du public, tout en restant viables (rentables) et durables (en termes d’opérations) ? Il faut prendre en compte les conséquences du fait d’accorder trop de poids à l’un ou l’autre de ces facteurs. Ce module se termine sur une note optimiste avec un échange sur les médias alternatifs – particulièrement ceux qui sont situés dans les petites communautés – opérant dans le paysage médiatique mondial d’aujourd’hui. On évoquera aussi le nombre croissant de canaux d’information, y compris les sites d’informations en ligne, qui peuvent offrir des alternatives à la domination de quelques-uns. Les médias communautaires peuvent être mis en place dans les écoles, les communautés, les lieux de travail, les quartiers et sont des alternatives aux grands médias. Ces « petits » canaux médiatiques promeuvent le droit à l’information et offrent aux populations locales une voix venue des leurs.
UNITÉS
1.La propriété des médias dans le village planétaire d’aujourd’hui,
2. Les dimensions socio-culturelles et politiques des médias internationaux
3. La marchandisation de l’information
4. L’essor des médias alternatifs